La carrière de Jacqueline Domergue

De 1949 à 1951, tout en faisant ses études d’infirmière, Jacqueline Domergue s’inscrit au corps des I.P.S.A. (Infirmières Pilotes, parachutistes et Secouristes de l'Air). Elle a ainsi la possibilité de passer ses brevets de pilote tourisme et de suivre un entrainement poussé de parachutisme.

En 1951, elle passe son brevet d’infirmière et s’oriente vers le G.M.M.T.A. (Groupement des Moyens Militaires de Transports Aériens) où elle entre en janvier 1953. À ce titre, elle participe à la campagne d’Indochine où elle se trouve à Dien-Bien-Phu avec sa camarade de promotion, Geneviève Gallard. Ensuite c’est la campagne de Chypre. Elle est une des premières avec le corps expéditionnaire français à mettre le pied à Port-Saïd. Puis c’est l’Afrique du Nord où les missions sont nombreuses.

Parallèlement à son activité militaire, elle consacre tout son temps libre au parachutisme. C’est ainsi qu’en 1955 elle est Championne de France de cette spécialité. En 1956, elle devient monitrice parachutiste, ce qui lui permet de participer, dès sa création, à l’activité du Para-Club d’Alger.

En novembre 1957, comme convoyeuse, elle se porte volontaire pour un service exceptionnel sur hélicoptère, et c’est au cours de l’opération du 29 novembre, à l’Arba, qu’elle trouve la mort.

 

Citation à l’Ordre de l’Armée de l’Air

Convoyeuse de l’air au G.M.M.T.A. depuis janvier 1953. À toujours rempli ses fonctions avec une haute conscience du devoir, un dévouement sans réserve et un ardent enthousiasme.

Le 29 novembre 1957, effectuant en hélicoptère une évacuation sanitaire dans le djebel situé au sud de l’Arba (Algérie), a été grièvement atteinte par le tir des armes rebelles alors qu’elle donnait tous ses soins à l’embarquement des blessés.

Titulaire de 3 400 heures de vol, dont plus de 160 en 31 missions opérationnelles effectuées au titre du maintien de l’ordre en Afrique du Nord, toujours très volontaire pour participer aux missions les plus périlleuses afin d’apporter aux blessés le secours de son expérience d’infirmière et le réconfort de son sourire.

Par son courage au milieu des combats, a su ajouter à l’accomplissement du devoir quotidien le plus bel esprit de sacrifice. Déjà titulaire de la Croix de Guerre T.O.E. avec citation à l’Ordre de l’Armée de l’Air, cette citation comporte l’attribution de la Croix de la Légion d’Honneur et la Croix de la Valeur Militaire avec palmes.

Signé René COTY.

 

Voir également la page http://domergue.jean.free.fr/genesite/jaic.htm

 

Le Journal du Dimanche le 01/12/1957

Jaïc Domergue, l’infirmière championne de parachutisme a été tuée au cours d’une furieuse bataille à 30 km. d’Alger

(De notre envoyé spécial permanent Robert SOULE.)

ALGER, 1er décembre (par fil spécial).

Furieuse bataille dans la région de l’Alba, à 30 km. au sud-est d’Alger, où quarante et un rebelles ont été tués et cinq autres capturés en quarante-huit heures d’engagement. Nos troupes ont eu six tués et dix-huit blessés. L’infirmière de l’air Jaïc Domergue, ancienne championne de France de parachute, a été tuée alors qu’elle partait en hélicoptère au secours des blessés.

Vendredi matin, à l’aube, les fantassins du 117è régiment d’infanterie et les « cavaliers » du 3è régiment de chasseurs d’Afrique déclenchaient une opération surprise en plein cœur du djebel contre une mechta perchée au sommet d’un piton (15 kilomètres au sud de l’Arba), où selon un renseignement précis quarante rebelles avaient trouvé refuge.

Aux premières lueurs du jour, les soldats avaient encerclé le petit village. La bataille s’engageait. Les rebelles, surpris au gîte, ripostaient avec vigueur aux tirs des militaires. Très vite, les patrouilles évoluant en première ligne comprirent que la bande était plus forte qu’on ne le pensait. Cent fellaghas au moins se battaient contre les militaires. Ce fut une mêlée confuse et sans merci. La bataille devait se prolonger jusqu’à hier soir avec une violence toujours soutenue.

C’est alors qu’elle venait de relever les soldats blessés lors du premier assaut que l’infirmière de l’air Jaïc Domergue fut mortellement blessée vendredi dans l’hélicoptère qui regagnait Alger avec des blessés. Frappée d’une balle au front, elle décédait deux heures plus tard à l’hôpital Barbier-Hugo sans avoir repris connaissance.

Jaïc Domergue, jeune femme de 30 ans, était une des trois meilleures parachutistes de France. Championne de France de parachutisme en 1952, elle était seule, avec Monique Laroche et Odette Rousseau, à détenir le brevet de moniteur parachutiste. Depuis dix ans elle servait sous l’uniforme et elle avait été notamment en Indochine la compagne de Geneviève Gallard. Elle était également pilote d’avion et avait fait plusieurs séjours à Biscarosse.

 

France Soir le 04/12/1957

A 33 ans, Jaïc avait effectué son 500e saut en parachute

Elle était sélectionnée pour le prochain championnat du monde

Les juges du prochain championnat du monde de parachutisme vont rayer de leur liste le nom d’une de leurs plus brillantes participantes : Jaïc Domergue, sélectionnée pour 1957 et tuée hier en Algérie au cours d’un engagement.

La mort de l’I.P.S.A. (infirmière parachutiste de secours aérien) Jaïc Domergue a frappé de stupeur ses parents, ses amis, ses camarades.

Jaïc, disent-ils, avait pris l’habitude de vivre avec le danger. A chaque seconde nous la savions exposée. Mais nous avions coutume de la voir triompher de tous les obstacles, surmonter tous les risques qu’elle prenait.

Cette jeune femme de taille moyenne, au visage doux, aux cheveux roux coupés à la diable (« Je m’en occupe moi-même, disait-elle, pour gagner du temps »), cachait derrière une attitude discrète des trésors d’énergie et de dévouement.

Jaïc Domergue est née le 8 septembre 1924 à Ismaïlia, en Egypte. Son père est alors attaché à la compagnie du canal de Suez. Au Caire, à Port-Saïd, elle fait de bonnes études, passe sans difficulté ses deux baccalauréats. Puis elle vient à Paris, étudiante en pharmacie, et suit des cours d’infirmière. Elle a trouvé l’une de se voies, celle du dévouement.

Championne de France en parachute

Pourtant quelque chose lui manque. La jeune fille tourne obstinément ses regards vers le ciel. Bientôt elle apprend qu’elle va pouvoir réaliser son autre rêve, voler, sauter en parachute, grâce aux I.P.S.A. (infirmières parachutistes aux armées). Elle s’inscrit, suit des cours, saute enfin.

En 1952, elle est championne de France. Seule avec Odette Rousseau et Monique Laroche, elle détient le brevet de moniteur-parachutiste.

Elle a effectué son 500e saut dans le courant de cette année, nous disait hier son frère Jean. Elle s’était presque spécialisée dans le saut à ouverture retardée à 5.000 mètres de hauteur.

Dans les rangs des I.P.S.A., Jaïc Domergue sillonne tous les théâtres d’opérations : Indochine, Chypre, Port-Saïd (cette « campagne de Suez », qu’elle appelle ironiquement « le retour au pays ») et finalement Algérie. A Dien-Bien-Phu, elle quitte la garnison peur avant l’encerclement de la cuvette par les troupes vietminh, où va se distinguer Geneviève de Galard, sa camarade de promotion.

Pendant une période militaire, on la retrouve sur les pentes neigeuses de Méribel-les-Allues où, là encore, se jouant des difficultés, elle triomphe. Pendant ses loisirs, elle dévore les ouvrages sur le parachutisme et même des romans policiers, car le goût de l’aventure ne la quitte guère.

Mélomane avertie, c’est vers Beethoven que vont ses préférences, vers ses symphonies où passe toute la fougue du romantisme.

 

Jours de France le 14/12/1957

La vie et la mort exemplaires de

JAÏC DOMERGUE L’INFIRMIÈRE DU CIEL

Le combat faisait rage depuis l'aube dans le djebel de Djemaa-el-Kharmou, à une quarantaine de kilomètres au sud-est d'Alger. Les rebelles s'étaient solidement retranchés sur le piton dominant la mechta que, surpris par nos forces, ils avaient précipitamment évacué. L'état-major avait estimé leur nombre à une trentaine... En fait. ils étaient plus de 120. Nos soldats du 17è R.I.T., qui les encerclaient, pouvaient voir à leurs uniformes et à leurs chapeaux de brousse qu'ils appartenaient aux formations les mieux armées et les mieux entraînées. De leur nid d'aigle, ils balayaient le terrain d'un feu nourri, clouant nos troupes au sol. Pendant plusieurs heures, ce fut un dialogue infernal où le crépitement sec des fusils-mitrailleurs fellagha alternait avec les détonations des mortiers français. Pour réduire les positions rebelles, des renforts étaient nécessaires. En attendant, des hommes tombaient…

A 10 h 30, nos soldats voient enfin un hélicoptère se découper dans le ciel. Il s'approche, décrit une courbe, cherchant à repérer les blessés. Un jeune artilleur, gravement touché, gisait, râlant et presque inerte, à moins de quatre cents mètres des fellagha. L'hélicoptère descend vers lui en se balançant avec la légèreté d'une libellule. Il n'a pas encore, touché le sol qu'une femme, portant la combinaison bleue et le béret des infirmières parachutistes, saute à terre. Elle se penche vers le blessé. Le bruit du moteur est assourdissant, les rafales de mitrailleuse ininterrompues... Les soldats accroupis près de leur mortier regardent 1a scène, la gorge serrée… L'infirmière ne se redresse pas. Un homme, alors, saute à son tour de l'hélicoptère. Il charge prestement sur ses épaules le corps, vêtu d'une combinaison bleue et au béret encore vissé sur la tête aux cheveux roux. L'hélicoptère reprend de la hauteur et s'éloigne vers Alger.

Quelques heures plus tard, des artilleurs héliportés arrivent en renfort tandis que nos avions T-6 et P-47 attaquent le piton à la mitrailleuse et aux rocketts. En fin de journée, sur le terrain repris par nos troupes, les rebelles laissent 41 morts.

Cependant, à bord de l'hélicoptère, l'infirmière Jacqueline Domergue, frappée d'une balle au front, recevait des soins que l'on savait inutiles. Arrivée en fin de matinée à l'hôpital Maillot, elle expirait à une heure de l'après-midi.

Pour les parachutistes, les aviateurs, les membres du Para-Club d’Alger dont elle était la monitrice, pour les innombrables soldats qu’elle avait secourus sur les champs de bataille d'Indochine, d'Égypte et d’Algérie, Jacqueline Domergue était la populaire – « Jaïc », femme soldat, exemple vivant de bravoure, de dévouement et d'optimisme lucide. Elle était « Jaïc » à la carrure athlétique et au visage d'ange, au regard de lumière et au sourire généreux.

Jacqueline Domergue était née le 8 septembre 1924 à Ismaïlia, de parents français. Son père était attaché à la Compagnie du Canal de Suez. Elle avait fait ses études scolaires à Port-Saïd et au Caire et, une fois bachelière, était venue en France suivre des cours d'infirmière. Quand, au début de 1957, elle revint en Égypte avec le corps expéditionnaire français, elle appelle ironiquement cette campagne militaire « le retour au pays ».

Après avoir obtenu son diplôme d’infirmière de la Croix-Rouge, Jacqueline Domergue cède à la vocation qu’elle ressentait depuis longtemps : voler, sauter en parachute et faire de ce plus périlleux des sports le plus noble des services. Elle suit un stage au centre national de Biscarosse, passe son brevet de pilote et obtient, le 24 février 1952, son diplôme d'infirmière parachutiste. Elle fait partie de la promotion « Adrienne Bolland ». Seules, quarante-sept femmes ont été, jusqu'à ce jour, admises dans le corps d'élite des infirmières parachutistes ou « convoyeuses de l'air ». Peu de temps après, elle reçoit enfin son brevet de moniteur parachutiste, qu'elle est la seule femme à obtenir avec Odette Rousseau et Monique Laroche. Elle se spécialise dans le saut à ouverture retardée à partir de 5 000 mètres de hauteur. En 1955, elle est championne de France. « C'est la plus douée des militaires pour devenir championne civile », disait d'elle Odette Rousseau.

Mais les compétitions ne sont pour Jacqueline Domergue que des exercices auxquels elle se livre, presque par jeu, entre deux missions. En 1954, elle est à Dien-Bien-Phu, aux côtés de sa camarade de promotion Geneviève de Galard. Elle est évacuée sous les bombardements, peu de temps avant l'encerclement de la cuvette. Elle revient d'Indochine avec la croix de guerre. Puis elle prend part à la campagne de Suez. Enfin l'Algérie...

Avant son départ, elle avait réuni quelques amis dans son petit appartement de Fresnes. Alors, Jaïc. si secrète sous des dehors enjoués, n'avait pu se retenir de confier à ses intimes, très surpris de cet aveu, qu'elle était en proie à un sombre pressentiment.

Mais Jaïc n'était pas femme à se laisser décourager par des prémonitions. Au printemps dernier, entre deux missions comportant parfois des sauts en parachute sur le terrain de combat, elle trouvait le temps de s'entraîner pour le championnat mondial de parachute, qui devait avoir lieu à Moscou. Malheureusement, ses obligations de convoyeuse de l'air ne lui permirent pas d'affronter le championnat avec une préparation suffisante. A Moscou, elle manqua la cible. Cet échec la mortifia, mais sans l'abattre, et elle s'était juré de prendre sa revanche. Sa ferveur pour l'aviation et le parachutisme était si communicative qu'elle avait gagné sa sœur cadette. Jeune aviatrice, suivant l'exemple de Jaïc, Myrèse Domergue a remporté en 1954 la Coupe du Tour de France aérien (voir article).

Myrèse, ces jours derniers, attendait le retour de sa sœur, qui était sur le point de prendre un congé de six mois. Toutes deux avaient projeté d'aller faire du ski sur les pentes de Méribel-les-Allues...

A Jaïc Domergue, morte à trente-trois ans au champ d'honneur, Alger a fait des obsèques émouvantes. La médaille militaire épinglée sur sa dépouille est venue clore cette vie en forme de glorieux palmarès. Mais, par-delà le portrait officiel de l'héroïne, tous ceux qui l'ont approchée garderont le souvenir d'une figure romantique, de ce vrai romantisme dépouillé de tout artifice littéraire et de tout retour complaisant sur soi-même : celui de l'esprit d'aventure poussé jusqu'à l'abnégation.

 

Enquête : RENAUD DE LABORDERIE

 

Page de couverture du journal RADAR N°462 du 15/12/1957

 

3ème « Femme française » de l’année 1957 au sondage de « Radio Luxembourg »

 

Une rue de Quimper porte son nom

Rue Jacqueline Domergue 29000 Quimper

Information fournie par la Mairie de Quimper : La décision de dénommer ainsi cette voie a été prise le 23 février 1958 par l’ancienne commune de Kerfeunteun rattachée à celle de Quimper le 1er janvier 1960. Cette commune avait décidé de rendre hommage à de nombreuses femmes célèbres à travers l’attribution de leur nom à des voies de l’un de ses quartiers.

L’ouvrage écrit par l’ancien archiviste de la ville, Hervé Glorennec, en collaboration avec Jean-François Douguet, « Quimper, des rues et des noms au fil du temps », édition le Cercle culturel Quimpérois, 4ème trimestre 2003, lui donne la biographie suivante :

DOMERGUE, rue Jaïc, dite Jacqueline. Aviatrice, parachutiste, infirmière – Ismaïlia (Égypte), 1924 – Alger, 29/11/1957.

Championne de France de parachutisme en 1954, Jacqueline Domergue a effectué plus de 300 sauts. Comme pilote civil elle totalise trois mille cinq cent heures de vol. Engagée dans l’armée de l’air comme infirmière convoyeuse, elle effectue plusieurs séjours en Indochine. En 1956, elle participe à l’expédition de Suez, puis à la guerre d’Algérie. Grièvement blessée au cours d’une mission d’évacuation sanitaire dans le secteur d’Arba, elle décède peu après son rapatriement sur Alger ».

 

Une rue de Boulay Les Barres porte son nom

 

Une stèle en son honneur a été inaugurée le mardi 27 septembre 2011 avec l’inscription suivante :

Jacqueline Domergue 1924-1957

Infirmière Pilote Secouriste de l’Air, Jaïc DOMERGUE est mortellement blessées le 29 novembre 1957, lors d’une évacuation sanotaire héliportée, au sud d’Alger.

Convoyeuse de l’air au sein du Groupement des Moyens Militaires de Transport Aérien depuis 1953, elle avait effectué 3400 heures de vol.

Outre son courage au milieu du combat, elle a su ajouter à l’accomplissement du devoir quotidien le plus pur esprit de sacrifice.

 

Livre : Biographies des principales personnalités françaises décédées au cours de l'année. Par Henri Temerson :

 

Livre : Sur les routes du ciel, les convoyeuses de l'air. Par Valérie de La Renaudie :

 

Communiqué CDHA

Extrait du Mémoire Vive n°18, 2è trimestre 2002, de la revue du CDHA, www.cdha.fr:

 

http://site.voila.fr/devenirpnc/page1.html

L'hôtesse de l'air est la digne descendante des infirmières et secouristes de l'armée de l'air pendant les dernières guerres, les célèbres IPSA, la descendante de Jeanne Despre et de Colette De lauriston, d'Adeline Djuvara et surtout de l'illustre Jaïc (Jacqueline Domergue) aux 3.500 heures de vol et aux 300 sauts en parachute sur le champ de bataille, connue de tous les combattants comme secouriste de l'air et finalement tuée le 30 novembre 1957 en Algérie, d'une balle dans la tête, tirée sur elle par un fellagah alors qu'elle portait secours aux blessés au plus fort du combat.

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Convoyeuse_de_l'air

Convoyeuses disparues en mission

·    Jacqueline dite Jaïc DOMERGUE (1924-1957)

 

 http://blog-unp.thionville.over-blog.fr/article-les-convoyeuses-de-l-air-51701405.html

Extrait du texte écrit dans le DLP nr 168, année 1999, par Jean-Claude SANCHEZ.

De la guerre d'Algérie à la guerre du Golf.

En Algérie, au nombre de huit, puis de neuf, les miss participeront à l'évacuation des blessés entre 1956 et 1964 y perdant Jaïc Domergue à Arba, le 29 novembre 1957 et Chantal Jourdy à Tizi-Ouzou, le 8 décembre 1959, toutes deux à bord d'hélicos H34.

 

www.aha-helico-air.asso.fr/moripsa.htm

Mort d’une Convoyeuse de l’Air

Le 29 novembre 1957, à l’EHL 1/58, partie de l’EH 3 de Boufarik une évacuation sanitaire se déclenche en fin de matinée. Dix blessés à aller chercher en MY45.01 soit sur les tous premiers contreforts de l’Atlas, plein sud d’Alger. Sans autres informations et si près d’Alger, nous pensons « encore un camion qui est tombé dans un ravin ».

Nous embarquons donc tranquillement sans nos gilets pare-balles dans le H.34 N° 354. le sergent Benoît de Coignac en 1° pilote, moi-même le sergent Norbert Huby 2° pilote, le sergent Aubry mécanicien, le lieutenant médecin Blanchet et une convoyeuse de l'Air Jacqueline Domergue dite Jaïc.

Le vol pour se rendre sur place a été très court et une fois de plus les informations données avant le départ n’étaient pas bonnes et insuffisantes car au lieu d’un camion tombé dans le ravin nous arrivons en plein accrochage et les blessés étaient des blessés par balles.

Habitués à ce genre de situation, nous nous posons quand même, mais compte tenu de l’escarpement du lieu, sans pouvoir bénéficier d’un repli de terrain, donc en pleine lumière sur une petite ligne de crête en regrettant d’avoir laissé les gilets pare-balles à la base.

Bien entendu nous gardons le rotor tournant et avertissons le cargo de faire vite. Les premiers blessés sont embarqués rapidement et là comme au cinéma, nous avons vu face à nous sur le petit sentier de la ligne de crête un alignement des petits geysers de poussière levés par les impacts d’une arme automatique. Il était temps de s’échapper. Le sergent Benoît de Coignac alors aux commandes a arraché le H.34 du sol et nous a mis hors de portée avec bien entendu l’intention de revenir lorsque les conditions seraient meilleures.

Avec le H.34, en se penchant et en regardant sous le siège, nous avions la possibilité de voir dans le cargo. Et là j’ai vu un corps allongé en combinaison donc un membre de notre équipage. Le sergent Aubry nous a alors averti que la convoyeuse avait été touchée. Nous n’étions guère qu’à une dizaine de minutes d’Alger donc à pleine vitesse nous avons mis le cap vers la DZ Marcel Cerdan, l’héliport de l’hôpital Maillot.

Nous n’avions pourtant pris que deux balles, malheureusement, la convoyeuse Jaïc Domergue avait été touchée en pleine tête et est décédée au cours du vol.

 

Jaïc Domergue avait 33ans, pilote, infirmière, para, deux séjours en Indochine dans le corps des IPSA, Port Saïd, l'Algérie. Elle passait ses permissions à réussir des records, championne de France féminine de saut en parachute, grande spécialiste des figures.

Chevalier de la Légion d'Honneur, titulaire de la Croix de Guerre des T.O.E. (Indochine) et de la Croix de la Valeur Militaire.

 

http://guerredalgerie.fr/1957_Novembre.htm

Jaïc Domergue est tuée d'une balle en plein front alors qu'elle évacuait un blessé dans la région de l'Arba. Jaïc, pilote, infirmière, para, a fait deux séjours en Indochine, (dans le corps des IPSA) Port Saïd, l'Algérie. Elle passait ses permissions à réussir des records, championne de France féminine de saut à parachute, grande spécialiste des figures.

 

Myrèse Domergue

(sœur de Jaïc)

Le « campionissimo » du Tour de France aérien est une jeune fille de 20 ans

Le deuxième tour de France aérien organisé par la Fédération nationale aérienne de France et d’Outre-mer, dans le but de permettre aux jeunes pilotes de s’exercer à la pratique de la navigation aérienne, a mis en compétition trente-quatre appareils, du 22 au 29 août 1954. L’itinéraire comportait 12 étapes représentant un total de 2.465 km. Le départ et l’arrivée avaient lieu à Chalon-sur-Saône.

C’est une jeune fille de 20 ans, Myrèse Domergue, qui l’emporta. Née, de parents français, en Égypte, en 1933, elle vient en France en 1951. Elle y trouve son frère et sa sœur qui, tous deux, préparent leur brevet de pilote. Elle suit leur exemple tout en poursuivant ses études d’infirmière. Un an plus tard, elle obtient son brevet de pilote du 1er degré. Elle s’exerce au parachutisme avec sa sœur, convoyeuse de l’air qui compte 130 sauts à son actif. Après le neuvième saut, Myrèse abandonne : elle ne craint pas de dire que la peur en est la cause. Reprenant le pilotage, elle passe son brevet du 2nd degré et ceux de pilote remorqueur de planeur et de vol à voile (B-C et une épreuve du brevet D). En juin dernier, le président de l’aéro-club la désigne pour représenter les « Ailerons » au deuxième tour de France aérien, sur appareil S.I.P.A. 94 à moteur Continental 90 cv. Avant le départ, elle effectue 30 h. de vol, la plupart du temps dans des conditions atmosphériques des plus défavorables. Le jour du départ, elle totalise 170 h. de vol comme pilote, plus 30 h. de planeur. Elle a pour compagnon chargé de la seconder en cours de navigation un camarade de club de 19 ans et demi, J.-P. Panaxoton, dont le bilan de vol se chiffre par 40 h.

 

Nous publions ici, en exclusivité, les passages les plus saisissants du journal de Myrèse Domergue, qui s’est vue décerner la « Médaille d’or de la ville de Paris ». On voit que dans ce texte sans littérature, les mots « Bouché » et « Brume » sont écrits en majuscules, comme pour mieux marquer ce qu’ont pu avoir d’angoissant les instants que ces deux mots évoquent.

Dimanche 22. – 6h30. Départ de Moiselles pour Chalon-sur-Saône où a lieu le rassemblement de tous les concurrents. La météo n’est pas brillante mais le départ de Chalon est fixé à 9h30. Il faut passer. Le Morvan de mauvaise réputation me fait un peu peur. 8h25. Arrivée à Chalon. Contrôle des livres de bord des avions, des brevets et licences des équipages. Je fais connaissance avec ceux qui seront mes camarades pendant 8 jours. 10h23. Décollage pour Besançon. Étape sans histoire moyenne 185 km/h. 15h30. Départ pour Grenoble. Il pleut, le temps est Bouché. Je me repose à Besançon. 16 minutes plus tard j’attends. 16h35. Je redécolle, la météo est meilleure.

Mardi 24. – Départ de Perpignan pour Saint-Girons… Nous montons à 1 300m, mais, peu à peu, il faut descendre. L’horizon n’est pas engageant… Le plafond baisse toujours… Nous décidons de prendre par Puivert. Nous arrivons au-dessus de Foix : Visibilité parfaitement nulle. Trois vallées s’offrent à nous. Laquelle est la bonne ? Mon navigateur hésite, se livre à des calculs. Je tourne en rond en attendant de savoir. Je ne puis m’occuper de la navigation, le pilotage m’absorbe trop. Enfin, nous continuons vers la Bastide, là je ne vois plus rien, la vallée est totalement Bouchée. Nous sommes venus jusqu’ici entre 30 et 50 m. d’altitude, je ne peux plus continuer. Je décide de me poser : quelques champs sont engageants.

Mercredi 25. – Casse-croûte improvisé sous le hangar. À 13h56 je décolle. Il faut tenter de forcer le passage sur Pau où l’on nous attend. Hélas ! Sur Saint-Gaudens, c’est complètement Bouché par la Brume qui se traine jusqu’au sol. On croirait voler dans du coton. Et puis, le moral n’y est pas. Demi-tour de nouveau, j’atterris à Saint-Girons. 14h53 : nouveau départ. Saint-Gaudens… ça va un petit peu, mais ce n’est vraiment pas brillant, il fait froid, il pleut. Aussi, cap sur Tarbes, terrain de secours…Un tour sur le terrain et je tente de rejoindre l’étape. La Brume s’épaissit, des Paquets défilent sous l’avion qui n’est qu’à 50m. d’altitude et masquent complètement le sol. C’est trop dangereux. Demi-tour. Je retourne à Tarbes où m’attendent 15 autres équipages. Le champagne offert par le président ne réussira pas à réchauffer l’atmosphère tendue… 16h40 : je décolle de nouveau. C’est encore Bouché, la visibilité est toujours presque nulle. Nous nous déroutons sur Lourdes. C’est aussi mauvais. Je suis désespérément la ligne de chemin de fer… nous ne sommes même plus à 50m. Si jamais il y a une ligne à haute tension dans le secteur, nous sommes frits. Voilà le Gave, au jugé, je pique sur Pau... Ouf ! nous y sommes…

 

Voir également http://domergue.jean.free.fr/genesite/myrese.htm

 

 

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